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Lettre concernant la Commission d’enquête parlementaire (CPI) contre le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) et contre la réforme agraire
Monsieur le Président de la Chambre des Députés Monsieur Arthur LIRA ,
Mesdames et Messieurs les dirigeants de tous les partis,
Mesdames et Messieurs les députés,
Nous soussignés manifestons notre préoccupation concernant l’orientation prise par la CPI contre le MST, rendue évidente par les déclarations faites par les parlementaires ruralistes et de l’opposition, lors des séances qui se tiennent en ce moment.
L’intention de criminaliser le MST, les mouvements ruraux, ainsi que les mouvements urbains qui luttent pour le droit au logement est ouvertement exprimée. Or, la constitution brésilienne prévoit le droit légitime d’organisation, assuré à toutes les catégories de travailleurs, qui se mobilisent et mènent la lutte pour leurs droits historiques.
La jurisprudence brésilienne a établi que les occupations collectives menées par des mouvements populaires ne constituent pas une privation de propriété, mais plutôt une forme de pression exercée sur les autorités afin qu’elles assurent l’application de la loi et le respect des principes constitutionnels garantissant le droit à la terre pour ceux qui la cultivent, le droit au logement et le droit à un travail décent.
En examinant le plan de travail de la CPI, il est évident que la réalité agraire et la structure injuste de la propriété ne seront certainement pas abordées dans ses analyses. Or, nous sommes tous conscients du nombre de crimes commis dans les zones rurales par les grands propriétaires terriens et des formes d’exploitation de la nature qui ont des répercussions sur l’ensemble de la société brésilienne.
Il suffit de se rappeler du grand nombre de crimes environnementaux, tels que la déforestation et les incendies criminels, présents dans tous les biomes. Ces crimes intensifient les changements climatiques, qui affectent l’ensemble de la population brésilienne et même le continent tout entier.
Citons aussi les crimes de travail analogue à l’esclavage, aussi bien en milieu rural que dans les zones urbaines.
Les crimes liés à l’occupation illégale des terres publiques, des zones autochtones et quilombolas, dans le but de piller les ressources forestières, d’effectuer des activités minières illégales et de s’approprier les richesses naturelles qui appartiennent collectivement à toute la société, sont monnaie courante.
Les crimes liés à l’utilisation abusive de pesticides, qui détruisent la biodiversité, contaminent les nappes phréatiques, les sources d’eau et les rivières, tout en affectant la santé publique, avec l’apparition avérée de cancers provoqués par le glyphosate.
Les crimes commis contre les personnes, comme les dizaines d’assassinats de travailleurs, de peuples indigènes et de militants des droits humains, qui se sont produits au cours de l’histoire, abondamment dénoncés par la Commission pastorale de la terre, et qui, dans la plupart des cas, restent impunis.
Nous sommes témoins des efforts déployés par le MST et d’autres mouvements populaires dans les campagnes pour mettre en place une réforme agraire populaire qui serve les intérêts de l’ensemble du peuple brésilien.
La réforme agraire est une nécessité clairement énoncée par notre constitution, qui prévoit l’expropriation des grandes propriétés non productives, afin d’assurer la démocratisation de la propriété foncière et des opportunités d’emploi pour toutes les familles.
Au principes enoncés par la constitution, s’ajoutent d’autres, tels que la nécessité de défendre la nature, de protéger les forêts, d’assurer la déforestation zéro.
La réforme agraire assume désormais comme principal objectif la production d’aliments sains, pour tous, ce qui demande l’adoption de l’agroécologie.
Le MST défend l’industrialisation de notre pays, la diffusion et l’adoption de l’agro-industrie coopérative comme moyen de transformation et de conservation des denrées alimentaires, pour approvisionner les populations urbaines. L’agro-industrie permet également d’assurer l’inclusion des femmes et de la jeunesse.
Le MST défend la mécanisation de l’agriculture familiale comme moyen d’augmenter la productivité du travail et de la terre et de contribuer à la réindustrialisation du pays.
Il défend l’accès à l’éducation à tous les niveaux, jusqu’à l’enseignement supérieur, ce qui est rendu possible par le programme PRONERA, qui adopte le système d’alternance, comme moyen de faciliter l’accès aux études des jeunes qui vivent dans les milieux ruraux, sans qu’ils aient besoin d’émigrer.
Le MST défend notre culture et notre cuisine brésiliennes, qui font partie de la sociabilité et de la qualité de vie de notre population.
Pour toutes ces raisons, nous exprimons notre inquiétude face aux derniers tournants pris par la CPI et espérons que vos Excellences veilleront aux principes républicains et démocratiques, afin d’éviter l’utilisation de la rhétorique pour répandre le mensonge, la haine, la violence, la discrimination et les persécutions, qui ne contribuent en rien à la solution des véritables problèmes agraires.
Nous sommes solidaires au MST car, en 40 ans d’activité, ce mouvement a contribué à la lutte contre la pauvreté, l’inégalité sociale et à l’amélioration des conditions de vie de notre peuple.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées.
Juin 2023
Afonsinho, médecin et ancien joueur de football | Celia Gonçalves, Makota du CENARAB | Fernando Morais, écrivain |
Ariovaldo Ramos, pasteur évangélique | Chico Buarque, écrivain et musicien | Frei Betto, écrivain et conseiller des mouvements populaires. |
Carol Proner, juriste et professeur d’université | Eduardo Moreira, économiste | Jacques Alfonsin, jurist |
Jose Trajano, sports commentator. |
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